Cela fait des années que l’on nous dit que nos sociétés occidentales surconsomment les ressources naturelles, énergétiques, et que cela épuise nos réserves futures. 

Jusque-là, ce message n’avait pas de réelle implication sur nous, nos modes de vie n’étaient pas directement impactés.

Cependant, en quelques mois, le contexte est en train de radicalement changer. Centrales nucléaires en maintenance, retenues d’eau à des niveaux historiquement bas, très fortes chaleurs, fermeture des approvisionnements de gaz par la Russie … les conséquences du changement climatique dont on a détourné le regard malgré les alertes répétées du GIEC, associés au contexte géopolitique actuel, vont rendre l’accès à l’énergie plus difficile.

Or, notre société est devenue entièrement dépendante de l’énergie, dans chaque pan de l’économie (agriculture, industrie, tertiaire, logement, transport, tourisme …) et à chaque étape de création de valeur ajoutée (extraction, transformation, commercialisation, transport, utilisation …).

Alors, comment continuer à vivre, travailler, organiser la vie des bâtiments, dans ce nouveau paradigme ?

La meilleure énergie est celle que l’on ne consomme pas

Ce slogan invite é éviter le gaspillage, dont nous n’avons souvent pas conscience. Moteur thermique qui reste allumé en stationnement, ouverture de fenêtre en hiver plutôt que de baisser le thermostat, bureau et enseigne restant éclairée toute les nuits … des gisements d’économies sont possible de partout.

Si ces gestes sont « assez simple » à faire au niveau individuel, car drivé par le désir de conserver son pouvoir d’achat, les choses sont plus compliquées à appréhender au niveau des organisations, des bâtiments résidentiels ou tertiaires.

Pourtant avec un coût énergétique en très forte augmentation (le prix du méga watt heure à été multiplié par 10 sur le marché de l’énergie en 2 ans, l’impact est donc inévitable pour les consommateurs), l’équilibre financier des organisations productives est remis en question et la « sobriété énergétique » jusque-là qualifié de « gros mot » à ne pas prononcer, devient le leitmotiv du management des coûts.

L’étape préalable aux recherches d’économie est la compréhension des dépenses énergétiques, par usage. Cela permet au gestionnaire de prendre conscience des consommations et des gaspillages, et de valoriser les économies de chaque mesure prise, savoir celles qui sont le plus efficientes.

Pour les bâtiments résidentiels et tertiaire, les principaux consommateurs seront le chauffage, la climatisation, la ventilation. C’est le métier d’un intégrateur Smartbuilding de proposer des solutions pour mieux maitriser ces consommations d’énergie. Grâce à un automate domotique, il pourra mettre en place des tableaux de bord des consommations par usage, mais également activer les gisements d’économie en pilotant les équipements tel que le chauffage, en fonction des horaires d’occupation, inertie du bâtiment, prévision météo, ou encore l’éclairage en fonction de la luminosité naturelle, du planning d’occupation, des mouvements pour les zones de passage …

Si les économies sont le premier aspect à anticiper pour les prochains mois, quelles précautions mettre en place face au risque de pénurie ?

Si des pénuries devaient arriver sur les gaz ou l’électricité, il est probable que ce seront les plus gros consommateurs qui seront mis à contribution dans un premier temps. Du délestage (coupure de quelques heures, par secteur) pourrait avoir lieu, afin d’éviter un effondrement des réseaux.

Face à ce risque, il semble important d’anticiper les solutions pour ne pas se retrouver dépourvu le moment venu. Voici quelques pistes.

Nous sommes habitués à ce que l’électricité soit un flux constant sans coupure. Tout l’informatique, les télécoms, porte, portail, volet, ascenseur … fonctionnent avec ce flux disponible à chaque seconde. Quels sont les services vitaux à maintenir en cas de défaillance réseau ? est ce que les onduleurs sont en état de prendre le relai, sur quelle durée ? quelle procédure transitoire prévoir ?

La crise sanitaire nous a montré que le télétravail était possible pour certains travailleurs. Il peut être judicieux d’anticiper les besoins matériels et organisationnels, pour reprendre ce fonctionnement là si nécessaire.

Concernant le besoin énergétique des bâtiments, la hausse du prix du kwh et la possibilité de devenir plus résiliant en cas de délestage permettent d’envisager l’investissement dans des panneaux photovoltaïques, sous un nouvel angle. Là encore un intégrateur smartbuilding permettra de favoriser l’autoconsommation en déclenchant les équipements consommateurs en fonction de la production solaire.

Si en plein été 2022, ces sujets nous semblent lointains, les signaux pas si faibles se multiplient. Les anticiper et passer à l’action permettra de ne pas subir les soubresauts d’un monde en grand changement.

Sebastien Bergin
Président de la fédération suisse de domotique
Chef de projet domotique et smartbuilding chez brainybiz.com

anticiper les changements a venir sur l'energie